LA PSYCHOLOGIE SOCIALE
📌 Introduction
La psychologie sociale se situe à l’intersection de la psychologie, de la sociologie et de la philosophie. Elle étudie l’importance des aspects psychosociaux dans les comportements des individus et des groupes. Elle considère l’être humain comme un être fondamentalement social, dont la vie est façonnée par ses relations avec autrui.
📌 Définition
La psychologie sociale vise à comprendre comment les relations, qu’elles soient réelles ou imaginées, influencent les pensées, les émotions et les comportements des individus dans un contexte social donné.
Aujourd’hui, cette discipline analyse scientifiquement les comportements et les processus mentaux sous l’influence directe ou indirecte des autres personnes, des normes culturelles, et des représentations sociales. Elle met en lumière la nature dynamique de ces phénomènes et l’importance des interactions sociales dans la construction de la réalité individuelle.
📌 Repères historiques
La psychologie sociale est une discipline relativement récente, née au début du XXe siècle aux États-Unis et en Europe.
En Europe, des penseurs comme Comte, Marx, Durkheim, Tarde et Le Bon ont posé les bases de cette discipline en s’interrogeant sur les raisons qui poussent un individu à changer de comportement dans une foule.
Par exemple, Gustave Le Bon a montré que les comportements sociaux se développent par imitation et contagion émotionnelle, notamment dans les manifestations. Gabriel Tarde a souligné la tendance des individus à imiter les modèles qu’ils observent dans la foule.
Aux États-Unis, Norman Triplett a étudié les cyclistes et observé que ceux qui couraient en groupe étaient plus rapides que ceux isolés.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les psychologues sociaux ont analysé les effets de la propagande et de la persuasion au profit de l’armée américaine. Après-guerre, ils ont étendu leurs recherches à des problématiques sociales telles que les préjugés et les questions de genre.
La psychologie sociale a gagné en maturité dans les années 1980 et 1990, avec un approfondissement des théories et des méthodes. Aujourd’hui, les chercheurs s’intéressent particulièrement aux processus d’attribution, à la cognition sociale, et au concept de soi.
📌 Principes fondamentaux
- Chaque individu possède une perception personnelle de la réalité dans laquelle il évolue.
- Les émotions, pensées et comportements sont fortement influencés par l’environnement social.
Motivations sociales clés :
- Besoin de maîtrise : comprendre et prédire les événements.
- Besoin de contact : rechercher des liens sociaux comme l’amitié et l’amour.
- Valorisation du « moi » : tendance à se comparer positivement aux autres, surtout sur ce qui nous appartient ou nous est cher.
Processus cognitifs et sociaux :
- Conservatisme : les idées et impressions ont tendance à persister et évoluent lentement.
- Accessibilité : les informations les plus facilement accessibles influencent fortement nos pensées.
- Superficialité et profondeur : la majorité des informations sont traitées de façon superficielle, sauf si une motivation pousse à approfondir.
📌 Orientations théoriques
- Les théories béhavioristes
Elles étudient le comportement en fonction des stimuli extérieurs et des réponses qu’ils provoquent. Selon cette approche, le comportement peut être modifié en manipulant l’environnement, notamment via des systèmes de renforcement. L’individu est vu comme malléable et adaptable. - Les théories cognitives
Elles se concentrent sur le rôle des processus mentaux et sur l’interaction entre la personne et son environnement. - Les théories de l’interaction symbolique
Ces théories insistent sur l’influence de la situation sociale et de la personnalité dans le comportement. Elles considèrent que la société et les autres agissent comme un miroir, façonnant notre image de soi à travers l’interprétation des symboles, valeurs, normes et croyances partagées. La réalité sociale est ainsi perçue comme une construction à la fois objective et subjective.
📌 Méthodes de recherche
La psychologie sociale utilise diverses méthodes, parmi lesquelles la méthode expérimentale est particulièrement efficace. Elle consiste à manipuler une variable indépendante pour observer ses effets sur un groupe expérimental, souvent comparé à un groupe témoin.
D’autres méthodes courantes incluent :
- Les études d’archives
- L’observation directe des comportements
- Les enquêtes par entretien ou questionnaire
📌 Concepts majeurs
- La relation sociale
L’individu est toujours en relation avec autrui, inscrit dans un tissu social complexe qui oriente ses actions. Ces relations, souvent marquées dès l’enfance, répondent à deux besoins fondamentaux : l’affiliation (le besoin de s’appuyer sur les autres) et l’attraction (le désir de se rapprocher des autres).
Les relations sociales sont régies par des normes (règles du groupe) et des valeurs (idéaux partagés, comme « liberté, égalité, fraternité »).
Les relations peuvent être conventionnelles ou non, avec plusieurs niveaux allant du contact superficiel à la réciprocité engagée.
Les facteurs déterminant les relations sociales sont notamment la proximité géographique, la similitude d’opinions ou d’intérêts, ainsi que l’apparence physique.
- Le groupe social
Un groupe est un ensemble de personnes liées par des activités communes ou interdépendantes, partageant normes, valeurs et objectifs.
On distingue plusieurs types de groupes : primaires/secondaires, formels/informels, d’appartenance/de référence.
La cohésion, force qui unit les membres, dépend de l’homogénéité, de la présence de menaces externes, ou encore de la compétition interne ou externe.
L’expérience de Mayo a montré l’importance de cette cohésion dans le fonctionnement des groupes.
- L’influence sociale
L’influence sociale désigne le processus par lequel une personne modifie le comportement, les opinions ou les attitudes d’une autre sous la pression sociale.
Pour Tarde, l’imitation transforme un comportement individuel en comportement social. Kerckhoff et Back ont étudié la contagion sociale, où émotions et opinions se transmettent et se renforcent.
La normalisation des comportements, via des normes sociales, est également essentielle.
On distingue deux formes de soumission :
- L’obéissance à une autorité légitime.
- La soumission librement consentie, où l’individu a le sentiment d’agir librement malgré l’influence.
Les techniques de manipulation incluent :
- Le pied dans la porte : obtenir d’abord un accord sur une demande mineure pour en obtenir une plus importante ensuite.
- La faveur déguisée : amener quelqu’un à s’engager sans révéler le coût réel de l’accord.
L’expérience de Milgram a illustré la puissance de l’obéissance à l’autorité.
La déviance, en revanche, désigne un comportement qui transgresse les normes et place l’individu en marge du groupe.
La réactance est la résistance individuelle aux pressions sociales, souvent liée au sentiment de perte de liberté.
- La communication sociale
La communication sociale repose sur un modèle cybernétique qui comprend :
- Un émetteur, qui encode et transmet un message.
- Un canal, par lequel le message circule.
- Un récepteur, qui décode le message.
- Un répertoire de signes partagés entre émetteur et récepteur.
- Un feedback, qui permet le retour d’information de la part du récepteur.
La psycholinguistique étudie le langage sous plusieurs angles : pragmatique, analyse conversationnelle et sociolinguistique.
L’organisation des réseaux de communication dans les groupes influence la rapidité et la qualité des échanges, la centralité des individus jouant un rôle clé dans la diffusion de l’information et l’émergence des leaders.
📌 Conclusion
À la croisée de nombreux courants intellectuels, la psychologie sociale analyse à la fois les causes et les effets des interactions entre individus et groupes.
Elle offre des clés précieuses pour comprendre comment nos comportements, individuels et collectifs, sont façonnés par nos relations sociales.
Cette discipline trouve des applications dans de nombreux domaines, tels que l’économie, la santé, ou le monde du travail.
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